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Semaine du silence


Publié le 03 juin 2016 11h 28min
Par Chloé R.

Semaine du silence

Le projet a été proposé par les professionnels de la crèche et appliqué du lundi 30 mai au vendredi 3 juin.

En voici les modalités :

FEUILLE DE ROUTE – SEMAINE DU SILENCE

INTRODUCTION:

Pourquoi ce projet d’expérience ?

Il est venu d’une suite de constats :

En effet, les adultes habitués à fréquenter des environnements souvent très bruyants, dans lesquels fusent de multiples informations, associées à des nuisances sonores nombreuses, ne rencontrent pas véritablement de difficulté à sélectionner ce qui leur est utile. Ils traitent l’objet de la communication qui présente pour eux un intérêt et font facilement abstraction du reste. Le cerveau adulte a cette faculté qui s’est construite au fil du temps, résultat d’une maturité à la fois physiologique et psychique.

Les jeunes enfants n’ont pas cette capacité, car leur pensée se construit avec l’émergence du langage qui passe notamment par la communication verbale que nous établissons avec eux. Peu à peu, un enfant décrypte le sens des mots qui sont des codes. Selon l’âge d’un enfant la capacité à décoder une indication, une consigne est extrêmement variable. A la crèche, la diversité des âges des enfants n’est pas sans incidence.

Le temps qu’il leurs faut pour décoder une information énoncée par les adultes est plus long que pour nous.

Par ailleurs, les jeunes enfants absorbent les stimulations extérieures avant tout par le biais des perceptions sensorielles qui sont alors le réceptacle d’états émotionnels multiples et forts. Ils sont alors continuellement exposés à un ensemble de sources de stimulations qui peuvent parfois être nocives. La mouvance dans l’espace, les sources sonores qui se cumulent sont autant d’éléments qui interviennent dans l’espace où ils évoluent et viennent interférer dans le bon déroulement de leurs activités. Celles-ci ayant pour fonction de leur permettre de bien grandir. Le développement de l’individu est inhérent à la qualité de l’environnement dans lequel il évolue. Le bien-être est alors un véritable atout.

Le calme va permettre aux enfants d’évoluer dans un espace qui leur est totalement dédié, en toute sérénité. La concentration des adultes qui les accompagnent va avoir une incidence directe sur leur perception du monde extérieur et donc leur ressenti.

Les interférences permanentes viennent alors mobiliser leur attention inutilement et au détriment d’une concentration sur l’objet de l’activité qu’un enfant a entrepris. Elles deviennent un véritable frein au bon déroulement de son expérimentation individuelle. (Continuité)

L’enfant découvre et comprend le monde par le biais du jeu ou de l’activité ludique associés à l’attention qui lui est portée par les adultes. (Sécurité affective)

En bref, les enfants évoluent de façon harmonieuse dans un environnement qui leur est propice à condition que chacun d’entre eux être au centre des préoccupations des adultes qui les prennent en charge.

Concrètement comment favoriser la qualité de l’environnement pour optimiser le bien-être des enfants ?

Cela concerne l’ensemble des adultes qui y interviennent et chacun doit avoir à l’esprit que la crèche est avant tout le lieu des enfants. Nous vous proposons un ensemble de recommandations pour préserver cet espace.

RECOMMANDATIONS:

  • A l’accueil, les informations doivent être communiquées de façon rapide et concise. Pour les parents noter les infos nécessaires au tableau, pour les pros lire le tableau à leur arrivée. Pour le soir, les professionnels notent les informations importantes destinées aux familles. (Prochainement un nouveau tableau sera installé)

  • Les adultes tenteront de communiquer entre eux à l’extérieur de la crèche ou en s’isolant dans un espace où il n’y a pas d’enfants.

  • Les échanges entre adultes sont parfois possibles dans l’espace de jeu des enfants à condition de parler très doucement et de vérifier que les discussions n’interfèrent dans le bon déroulement des activités. Parfois, cela est possible, mais la priorité reste l’attention portée aux besoins des enfants et donc interrompre nos discussions si nécessaire.

  • Les parents de gardes sont concentrés au même niveau que les professionnels et ne doivent pas se laisser solliciter par les parents qui viennent chercher leurs enfants ou inversement.

  • Les professionnels doivent guider les parents dans les actions. Comment organiser les déplacements des enfants dans l’espace : Au moment des sorties, du début et fin de repas, des départs en fin de journée etc.…

  • Les départs le soir doivent être discrets. Dans la mesure du possible, ce sont les professionnels qui font les transmissions, sauf si rien à signaler de particulier ou qu’il est en activité avec un groupe d’enfants au risque de compromettre la bonne continuité de celle-ci. Si l’information ne comporte pas de caractère confidentiel il peut charger un parent de garde de faire la transmission.

  • Lors de conflits entre enfants, toujours observer pour tenter de comprendre la situation (sauf si risque d’agression physique). Parfois les conflits se règlent d’eux même sans l’intervention des adultes. Et même parfois l’intervention de l’adulte va augmenter la tension car les enfants vont chercher à avoir chacun le soutien de l’adulte en sa faveur. Lorsque l’on ne peut pas analyser objectivement la situation, ne pas prendre le risque d’être injuste envers l’un d’eux et demander au besoin l’aide d’un pro. Parfois proposer aux enfants autre chose pour les détourner de l’objet de la dispute s’avère de permettre la résolution du problème. Lorsque l’adulte intervient pour mettre en mot la situation, il est important de se baisser au niveau de l’enfant à qui l’on s’adresse et de lui parler à voix basse pour lui expliquer les choses. Dans la mesure du possible afin que les autres enfants n’entendent pas ce qui est dit car ces situations peuvent vite envahir l’atmosphère générale et créer de l’excitation. Parfois cela active même d’autres situations semblables. Les adultes doivent toujours se rapprocher des enfants impliqués et ne surtout pas intervenir de façon bruyante à travers l’espace. Si on est témoin d’une scène mais que nous ne sommes pas disponibles parce que en activité avec un groupe d’enfants, ne pas hésiter à demander à un autre adulte d’intervenir. Nous insistons sur le fait de ne surtout pas parler fort à travers la pièce.

  • Toutes les consignes adressées aux enfants doivent donner suite à un temps d’assimilation de l’information qui lui est donnée. Le rythme des enfants n’est en aucun rapport à celui des adultes. Donc il est important de prendre le temps lorsque nous accompagnons les enfants de nous adapter à leur rythme. Toujours formuler suffisamment à l’avance les choses à un enfant afin qu’il accepte de passer à l’action : « on va mettre les chaussons, on va aller se laver les mains, tu rangeras les jouets quand tu auras fini, je vais aller préparer le repas à la fin de l’histoire, je vais préparer la salle du fond et après je viens vous chercher ». Bref, prévenir a toujours un effet efficace…

  • Pour tous les échanges entre les adultes à propos des dossiers crèche et concernant la gestion de notre lieu, éviter de le faire dans les salles de jeux. S’organiser pour voir si les personnes concernées peuvent s’isoler dans un endroit (cuisine, cours...) sans nuire à l’encadrement des enfants. A noter qu’il y a d’autre moyen de communiquer (tel, mail, café)

  • Faire attention à la nature des propos que nous avons au-dessus de la tête des enfants qui comprennent beaucoup de choses de nos discussions. A noter : pas de jugements de valeur énoncés à propos de personnes faisant parties de la collectivité (enfants et adultes), faire attention au contenu de nos discussions (sujets graves, angoissants), discussions qui font intervenir de fortes divergences entre personnes, commentaires dénigrants ou gratuits…

  • Les professionnelles doivent veiller lors de situations tendues (par exemple : malentendus, divergences d’analyse quant à une situation) à se maitriser et se contenir pour reprendre plus tard avec la personne concernée, une discussion constructive dans un cadre adapté. Nous savons que certaines périodes sont propices aux dérives (sous-effectif de professionnels, fatigue importante).

  • Et enfin d’une façon générale, prendre notre plus petite voix pour tous nos échanges dans l’espace.

CONCLUSION:

Merci à vous de prendre en considération nos recommandations pour cette expérience de semaine “monastique” (hi, hi !) qui nous l’espérons ne retirera en rien au plaisir d’être ensemble. A chacun de faire un bilan après cette expérience qui probablement aux vues des résultats constatés se poursuivra de façon durable. Ne manquons pas aussi de réfléchir à des idées pour prévoir de nouveaux espaces de communications plaisants et propices aux échanges entre adultes. Il en existe déjà plusieurs : Fêtes en soirée, utilisation de la cour, échanges pendant la sieste, ainsi que lorsque nous sommes au square si les enfants jouent bien et à condition de surveiller et de répondre prioritairement aux besoins des enfants).

La convivialité du lieu et la nature des liens qui s’y tissent entre adultes sont importants, et naturellement, il ne s’agit pas d’empêcher qu’ils continuent à exister. Ses liens participent aussi dans une certaine mesure au bien-être des enfants qui perçoivent le plaisir des adultes à partager ces temps de vie commune.

Néanmoins, il convient d’être vigilant au cadre de nos interactions et de maitriser les conditions dans lesquelles elles peuvent avoir lieu de façon appropriée. Elles doivent être avant tout en rapport à notre but recherché à tous, à savoir participer à l’élaboration d’un lieu de vie propice au bon développement des enfants.

L’ EQUIPE.

30 mai 2016